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Saison 14, épisode 12. Vous aviez raté les derniers rebondissements chez Reconquête, le parti d’Eric Zemmour ? Asseyez-vous, on va vous résumer. Comme dans toutes les bonnes séries B, on parle d’abord de vengeance. Et Marion Maréchal la tenait quasiment dans le creux de sa main. Après une campagne européenne passée à se faire maltraiter par son propre camp, l’ancienne frontiste a sauvé sa tête, et celle de quatre de ses camarades, en dépassant les 5 % des voix et en décrochant sa place au Parlement européen. Personne n’y croyait, pourtant.

Revigorée, elle lance la phase 1 de sa revanche. Le dimanche soir, face caméra, devant un Eric Zemmour grimaçant à l’extrême, et manifestement pas au courant, elle assure vouloir discuter avec Marine Le Pen et Jordan Bardella pour mettre en place une coalition de droite et d’extrême droite dans l’optique des élections législatives qui se tiendront le 30 juin.

Pas de temps à perdre. Lundi matin, toujours sans en informer ses camarades de Reconquête, Marion Maréchal débarque, tout sourire, au siège du Rassemblement national pour mener des négociations. En plusieurs mois, on ne l’avait jamais aperçue si rayonnante qu’après cet échange avec les représentants de son ancien parti.

Alliances et rétropédalages

Jordan Bardella, le premier, sort de la pièce et salue, devant la presse, l’attitude constructive de Marion Maréchal, assurant que d’autres discussions devraient avoir lieu. L’eurodéputée s’avance un peu plus. “Il y a un choix qui s’offre à moi, déclare-t-elle, grand sourire, encore. Celui de trouver les moyens de faire intégrer les idées de Reconquête à ce rassemblement, ou bien se contenter de laisser partir Reconquête seul pour ces élections.” Comprendre : Marion Maréchal vient de réaliser un putsch au sein du micro-parti d’extrême droite et devient la seule capable de mener cette alliance, excluant de facto Eric Zemmour et Sarah Knafo – également élue au Parlement européen – du dispositif. Chez les proches de Zemmour, on enrage. “C’est absolument lunaire, quel manque de classe, et puis on est tous favorables à l’union”, s’étouffe un cadre.

La boucle Whatsapp commence à chauffer. Marion Maréchal joue la montre. Eric Zemmour s’en agace. “Marion, je t’ai demandé les conditions deux fois, je regrette qu’on perde du temps vu l’urgence à trouver un accord.” On organise une réunion. On aiguise les couteaux. Les zemmouristes n’entendent pas se laisser évincer si facilement. Attendez ! Le RN rappelle finalement Marion Maréchal. Temps mort. La suite après la pause.

Car finalement, chez les frontistes, on a discuté. On a réfléchi, même. Marion Maréchal, c’est la famille, c’est vrai. Mais quel besoin de s’encombrer de son entourage jugé sulfureux, des Damien Rieu, ou Philippe Vardon, dont on était bien content de se débarrasser en 2022 ? Le retour des identitaires, alors que le RN s’attire enfin les faveurs de la droite ? Mauvaise idée, prévient l’entourage lepéniste. Quel besoin, en plus, de devoir assumer les déclarations clivantes d’Eric Zemmour alors même que Marine Le Pen et Jordan Bardella tentent de de rassembler ?

“Elle s’est complètement fait manipuler, quel cirque”

“Et puis c’est comme d’habitude, peste un frontiste. Aucune remise en question, ils nous ont insultés pendant des semaines, et maintenant c’est notre faute s’ils ne sont pas dans l’accord.” Les péripéties n’effacent pas la rancœur, fin des négociations. En clair : merci, Marion, mais non merci. L’eurodéputée repart, tête basse, et dénonce une “décision soudaine et contradictoire avec les nombreux échanges”. Voilà que sa vengeance tombe à l’eau. Obligée de retourner au QG de Reconquête, où elle reste cinq minutes, le temps d’informer ses camarades. “Elle s’est complètement fait manipuler, quel cirque. Jordan Bardella l’a humiliée devant la France entière”, se réjouit presque un cadre zemmouriste.

Une dernière tentative, pour la forme, par médias interposés. On sort donc la carte Eric Zemmour, qui s’auto-attribue, sur le plateau de CNews, ce mardi, le rôle de Deus ex machina, ravale son ego, et assure qu’il ne réclame rien, ne demande ni poste, ni circonscription, seulement cette union des droites pour laquelle il milite depuis des années. La grande réconciliation ? Pas de cliffhanger, cette fois-ci. Jordan Bardella, au 20h de France 2, rétorque clairement : “Pour bâtir une alliance et une majorité, il faut de la confiance, or j’estime que les prises de position d’Eric Zemmour tout au long de la campagne européennes, que les invectives qu’il a multipliées et que les positions parfois très excessives qu’il peut prendre ont rendu les conditions d’un accord caduques.”

A Reconquête, ce mercredi, on fait mine d’y croire encore. Vous n’avez jamais vu Dallas ? Un personnage qui revient des limbes, ce n’est pas impossible. “On va réussir à trouver un accord, je le sens”, jure un élu zemmouriste. Réponse côté RN : “Bullshit habituel de Reconquête, absolument aucune chance.” Dernier rebondissement : on en informe Reconquête définitivement. Un crime, deux coupables. A en croire les zemmouristes, on fait porter la responsabilité à parts égales à Eric Zemmour et Marion Maréchal. Le premier, pour sa radicalité, la seconde, pour son caractère ingérable. “On dira que c’est Zemmour, mais elle a déconné”, aurait assuré un lepéniste à Reconquête. La suite au prochain épisode.

Source: Marylou Magal

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