A l’occasion de la session d’été, c’est au Palais fédéral que Sous la Coupole a tendu son micro à l’élu écologiste Nicolas Walder. Conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine au Bürgenstock, état des lieux des négociations Suisse-UE, répliques politiques du séisme Nemo à l’Eurovision, condamnation de la Suisse pour inaction climatique à Strasbourg: autant de sujets d’actualité où le Carougeois est au front. Extraits

«Une gesticulation totalement inutile.» Le jugement de Nicolas Walder est sans appel au moment d’évoquer la déclaration de protestation du Conseil des Etats contre le jugement de la Cour européenne des droits de l’homme (CourEDH) contre la Suisse pour manquement à ses obligations dans le domaine de la politique climatique en avril dernier.

Cette déclaration, largement acceptée par les sénateurs, est au programme du Conseil national le mercredi de la troisième semaine. Au centre de la controverse, la phrase suivante: «La Suisse ne voit donc aucune raison de donner d’autres suites à l’arrêt de la Cour du 9 avril 2024, étant donné que ses efforts passés et actuels en matière de politique climatique remplissent les exigences en termes de droits humains qui sont formulées dans l’arrêt.»

Nicolas Walder craint pour la réputation du pays: «C’est une gesticulation extrêmement nuisible pour la Suisse. La Suisse a une image de pays responsable, de pays qui réfléchit avant de parler. Cette gesticulation ne peut que péjorer notre réputation.» Il refuse aussi de voir dans l’arrêt de la CourEDH une décision contre les citoyens: «Non, ce n’est pas les juges contre le peuple… C’est une convention européenne des droits de l’homme à laquelle la Suisse a librement décidé d’adhérer.» Il y voit plutôt un bon exemple de séparation des pouvoirs.

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## La Suisse critiquée car le Bürgenstock le dérange

Membre de la Commission de politique extérieure (CPE) du Conseil national, Nicolas Walder suivra attentivement la Conférence de haut niveau sur la paix en Ukraine, au Bürgenstock dans le canton de Nidwald. Il salue la tenue de cette conférence: «Je pense que la Suisse est pleinement dans son rôle et heureusement qu’elle le fait», et d’ajouter que «le travail de la diplomatie suisse doit être salué».

Interrogé sur les critiques adressées à la Suisse, notamment par la Russie, et sur l’absence de la Chine, l’écologiste ne s’en inquiète guère, bien au contraire: «Aujourd’hui, je n’ai entendu de critique d’aucun autre pays à part la Russie et un ou deux de ses pays valets, c’est-à-dire la Corée du Nord, la Biélorussie et puis la Syrie… Personnellement, les critiques que l’on peut recevoir de M. Poutine, de Bachar el-Assad ou de Kim Jong-un ne me touchent pas vraiment. Et je pense que s’ils nous critiquent, c’est peut-être que cette conférence du Bürgenstock les dérange, parce qu’effectivement si la Turquie vient, si l’Afrique du Sud vient, si la Colombie vient, elle va rassembler plus de pays.»

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## Appel à Pierre-Yves Maillard pour plus de modération

Autre dossier que Nicolas Walder suit de près: celui des négociations entre la Suisse et l’Union européenne (UE). Les négociations ont débuté le 18 mars dernier, et dans les couloirs de la Berne fédérale, il se dit que les discussions ne sont pas de tout repos: «Il est possible que ça se complique. J’espère que ce n’est qu’une complication temporaire. Moi, j’ai toujours dit que la problématique, elle était sur le front intérieur de la Suisse, parce qu’il y a effectivement des concessions à accepter» face à 27 pays qui ont défini des règles communes.

Côté patronal, il verrait d’un bon œil «un salaire minimum en Suisse» pour «donner certaines garanties» en matière de protection des travailleurs. Mais Nicolas Walder lance aussi un appel à gauche: «J’appelle effectivement aussi Pierre-Yves Maillard à avoir un discours un peu plus modéré, surtout beaucoup moins critique sur l’Europe», parce qu’il y aura une votation sur l’Europe et «si on dénigre trop l’Europe, on n’arrivera pas à gagner. »

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Ce qu’il craint par-dessus tout, c’est une lente érosion, réelle mais sans grande rupture: «Je ferais la comparaison avec la grenouille que vous plongez dans l’eau froide, et vous allumez l’eau chaude. Elle ne va pas s’en rendre compte», et quand le batracien comprendra qu’il est en mauvaise posture, il sera trop tard.

## Nemo: de l’Eurovision au Palais fédéral

Pour conclure, il a aussi été question du phénomène Nemo. Nicolas Walder ne cache pas son admiration pour l’artiste biennois: «Je trouve que non seulement c’est un excellent artiste qui a fait une prestation magnifique, dont on peut être fier, mais en plus, les propos qu’il a tenus et son engagement nous rendaient encore plus fiers.»

Concrètement, sur le plan politique, il s’agit de la discussion sur l’instauration d’un troisième genre ou l’abandon de la mention du sexe dans le registre de l’état civil. En décembre 2022, le Conseil fédéral estimait dans un rapport que «le principe de la binarité des sexes reste profondément ancré dans la société suisse… Les conditions sociales nécessaires à l’instauration d’un troisième sexe ou à l’abandon de la mention du sexe dans le registre de l’état civil ne sont pour l’heure pas réunies.»

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Pour Nicolas Walder, il faut rouvrir ce débat: «On est dans le même débat qu’avec le mariage pour tous. On nous a aussi dit pendant des dizaines d’années que cela remettrait en cause l’ordre en Suisse… Aujourd’hui, une majorité de la population a compris que le fait que j’aie pu épouser mon mari n’a rien enlevé à mes amis hétérosexuels.» Et il se veut rassurant: «Avoir un genre neutre ne péjorerait en rien (la situation) des personnes qui s’identifient fortement à l’un des deux genres.»

Source: Romain Clivaz, Nicole Lamon

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