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La crise politique française résumée en un mot : « Merde ! ». C’est par ce juron typiquement français que le très distingué magazine britannique The Economist décrivait, il y a une semaine, les turbulences de la vie politique de notre pays depuis la dissolution de juin dernier. Nous, qui avions encore récemment l’habitude de moquer le désordre britannique marqué par le Brexit et la succession de cinq Premiers ministres en sept ans… Ironie de l’histoire, « aujourd’hui, il semble que l’instabilité ait traversé la Manche », observe Sophie Pedder, cheffe du bureau parisien et correspondante politique et économique de The Economist. En 2012 déjà, dans son livre Le déni français (JC Lattès), cette passionnée de la France décrivait les Français comme des enfants gâtés de l’Europe, refusant de voir la réalité économique en face, et avertissait : plus la France tardera à réagir, plus son modèle risque de s’effondrer. Douze ans plus tard, le capharnaüm politique et la déroute budgétaire de la France préoccupent nos voisins européens et menacent la stabilité de la zone euro.
Toujours lucide sur l’état des finances publiques françaises, Sophie Pedder met en garde : « À un moment donné, quelqu’un devra s’attaquer à ce problème, car la France pourrait traverser une période budgétaire très difficile. » Cependant, elle refuse de sombrer dans le catastrophisme : « La France demeure une nation majeure et continue de financer sa dette à des taux raisonnables, sans subir de pressions excessives. » La journaliste britannique se montre toutefois bien plus critique envers le spectacle offert récemment par la classe politique française, notamment lors de la censure du gouvernement Barnier rendue possible par une alliance de circonstance entre le RN et le NFP : « Si j’étais un socialiste modéré, je ne serais pas particulièrement fier d’avoir pris part à un vote qui a rassemblé l’extrême gauche et l’extrême droite au Parlement », déplore-t-elle, invitant le PS à suivre la trajectoire de centre-gauche qui a permis au travailliste Keir Starmer de poser ses valises au 10 Downing Street. Enfin, moins critique qu’une grande partie des Français envers Emmanuel Macron, – bien qu’elle reconnaisse sa part de responsabilité dans son impopularité -, Sophie Pedder estime qu’avec le recul, « on pourrait dire qu’il a fait beaucoup de bien pour le pays. » Et si tout n’était pas perdu ?
L’Express : Au lendemain de la chute du gouvernement Barnier, The Economist a consacré sa une à la France avec le titre « Merde ! ». Ce mot peut être compris de deux manières : soit comme l’expression d’un regret face à une situation préoccupante, soit comme un encouragement sincère avant de relever un défi. Selon vous, quel sens faut-il privilégier ?
Sophie Pedder : Je dirais que l’intérêt résidait précisément dans le fait de rester ambigu, car la situation elle-même est empreinte d’ambiguïté. Nous souhaitions à la fois exprimer une forme de stupéfaction face à ce qui se passe en France – une réaction de type « Mon Dieu, qu’avez-vous fait ? » – tout en transmettant une sorte de « bonne chance avec ça », étant donné que la situation est loin d’être simple à résoudre. D’ailleurs, pour la petite anecdote, cela m’a rappelé ce jour où le président Emmanuel Macron, juste après son élection en 2017, était descendu saluer les standardistes de l’Élysée. Il répondait à des appels téléphoniques, et dans l’un d’eux, il s’adressait à un étudiant qui s’apprêtait à passer son baccalauréat. Le président lui avait dit : « Merde pour le bac ». Il s’agit d’un juron, que nous employons rarement et jamais à la légère mais n’avons jugé qu’il était justifié d’utiliser ce terme chargé de sens sur la couverture de The Economist.
Aujourd’hui, il semble que l’instabilité ait traversé la Manche
« Le pays est maintenant confronté à la perspective d’une série de gouvernements minoritaires éphémères qui auront du mal à accomplir quoi que ce soit », écrivait The Economist après la démission de Michel Barnier. Sans possibilité de dissoudre l’Assemblée avant juillet 2025, le prochain gouvernement est-il voué à l’échec ?
Il ne s’agit pas d’une prédiction, mais plutôt d’une évaluation des risques basée sur les dynamiques observées jusqu’à présent et sur la réalité structurelle du blocage parlementaire. La situation parlementaire ne va pas changer simplement parce que le président aura nommé un nouveau Premier ministre. Par conséquent, le problème fondamental d’une Assemblée nationale bloquée demeure jusqu’aux prochaines législatives.
L’annonce de la chute du gouvernement Barnier a-t-elle été reçue avec surprise au Royaume-Uni ?
En 2016, le référendum sur le Brexit a inauguré une période d’instabilité politique au Royaume-Uni, marquée par la succession rapide de trois Premiers ministres conservateurs depuis 2022. Aujourd’hui, nous connaissons une certaine stabilité, précisément au moment où la France semble basculer dans une nouvelle période d’instabilité. J’ai parfois l’impression que ces deux pays suivent des trajectoires opposées. Oui, le Royaume-Uni a effectivement envié la stabilité française, notamment durant les cinq premières années du premier mandat d’Emmanuel Macron. Mais aujourd’hui, il semble que l’instabilité ait traversé la Manche.
« Les Européens du Nord avaient l’habitude de se moquer des PIGS (Portugal, Italie, Grèce et Espagne) pour leur prodigalité. Aujourd’hui, la France est devenue porcine, alors que les PIGS se sont largement réformés », a commenté The Economist. La France est-elle devenue le cancre de l’Europe ?
Non, ce serait inexact de penser cela. Au cours des sept dernières années, la France a connu des transformations majeures, parmi lesquelles un changement significatif de perception de la part des investisseurs étrangers. Il y a une décennie, la France était souvent considérée comme peu accueillante pour les affaires. Aujourd’hui, cette image s’est complètement transformée. Prenons l’exemple des sommets Choose France, qui ont rencontré un succès phénoménal en attirant des PDG de grandes entreprises internationales, notamment des banques. De même, les progrès réalisés dans le secteur technologique témoignent de cette évolution. Ainsi, considérer la France comme un « mauvais élève » ne reflète absolument plus la réalité. L’image du pays a radicalement changé.
En revanche, ce que la France n’a pas réussi à faire, c’est maîtriser ses finances publiques, ce qui est un sujet différent. Et là, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Il y a une préoccupation claire, visible sur les marchés obligataires. Ces derniers n’aiment pas l’incertitude, et il y a une certaine inquiétude à cet égard. Néanmoins, il n’y a pas de panique généralisée : la France demeure une nation majeure et continue de placer sa dette à des taux raisonnables, sans subir de pression extrême.
Quelle est la part de responsabilité d’Emmanuel Macron dans la crise politique et économique actuelle ? Quelle est l’opinion des Britanniques à son égard ?
Vu d’ici, sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale reste difficile à comprendre. Elle est toujours perçue comme une erreur de calcul majeure. Nous ne saisissons pas pourquoi cette dissolution a été jugée nécessaire, ni les justifications qui l’accompagnaient. Cela donne l’impression d’un manque de discernement, et à ce titre, la responsabilité incombe au président.
Cependant, il est également important de souligner la responsabilité des partis politiques à l’Assemblée nationale. La semaine dernière, une situation étonnante s’est produite : une alliance de facto entre l’extrême gauche et l’extrême droite, réunissant des socialistes, des modérés et des partis généralement raisonnables, pour rejeter un gouvernement et son budget. Vu de l’extérieur, cette situation semble tout aussi incompréhensible. En conclusion, la responsabilité est partagée : elle revient au président, pour avoir convoqué des élections que nous jugeons inutiles, mais aussi aux partis parlementaires, qui ont choisi de privilégier leurs propres intérêts politiques au détriment de ceux de la nation, probablement avec en tête les enjeux de 2027.
La possibilité de sa démission a été largement débattue ces dernières semaines. Pensez-vous qu’il parviendra à rester en poste jusqu’à la fin de son mandat en 2027 ?
Nous Britanniques, partons du principe, en tant que démocrates attachés au respect de la Constitution – même si nous n’en avons pas une en version écrite-, qu’une personne élue pour un mandat de cinq ans doit aller au bout de celui-ci, sauf en cas de raison majeure. De ce point de vue, cette question semble perdre de sa pertinence. Je comprends ses origines politiques, mais elles proviennent principalement de groupes poursuivant leurs propres objectifs. A mon sens, les stratégies des extrêmes ne devraient pas dicter le comportement des démocrates modérés. Il n’y a aucune raison de remettre en question le respect de l’État de droit et du mandat constitutionnel donné au président. En conséquence, je ne vois pas pourquoi il devrait démissionner, ni pourquoi une telle décision s’imposerait. Mon analyse repose principalement sur des principes constitutionnels, plutôt que sur des considérations strictement politiques.
Le fait que le RN et le NFP aient voté ensemble la motion de censure pour renverser le gouvernement Barnier vous a-t-il surpris ? 65 des 66 députés socialistes ont voté aux côtés de l’extrême gauche et de l’extrême droite…
Oui, tout à fait. Dans certaines de nos analyses, j’ai qualifié cela d' »alliance contre nature », car il ne s’agit évidemment pas d’une alliance formelle : il n’y a aucun accord entre eux, et ils ne partagent pas grand-chose en termes de vision ou de valeurs. Toutefois, ils se sont entendus sur ce point précis. Si j’étais un socialiste modéré, je ne serais pas particulièrement fier d’avoir pris part à un vote qui a rassemblé l’extrême gauche et l’extrême droite au Parlement.
En quoi la gauche de Keir Starmer se distingue-t-elle de la gauche française actuelle ? En l’état des choses, pensez-vous que la gauche française puisse reconquérir le pouvoir ?
Le Parti travailliste au Royaume-Uni a connu une transformation radicale sous la direction de Keir Starmer. Il y a peu, il était dirigé par Jeremy Corbyn, dont les idées, le style et l’idéologie étaient beaucoup plus proches de celles de Jean-Luc Mélenchon. Sous Keir Starmer, le parti s’est mué en un parti socialiste modéré, comparable à ce que représentait Tony Blair à son époque ou Manuel Valls en France lorsqu’il était Premier ministre : une gauche sociale-démocrate centriste. Cette évolution contraste avec le Parti socialiste français actuel, qui couvre un spectre politique si large qu’il est difficile de le situer précisément.
Le retour du Parti socialiste français au pouvoir dépendra entièrement de la stratégie qu’il décidera d’adopter. L’expérience britannique offre une leçon clé : s’allier aux extrêmes, comme l’a fait le Parti travailliste sous Jeremy Corbyn, conduit à une perte de crédibilité électorale. Sous la direction de Corbyn, il était inconcevable que le Parti travailliste soit vu comme une alternative crédible au pouvoir. En revanche, dès la première élection menée par Keir Starmer, le parti a remporté une victoire éclatante, avec une majorité historique, en adoptant une position centriste et ancrée au centre-gauche. La leçon est claire : un parti de gauche ne peut espérer revenir au pouvoir en s’associant aux extrêmes. Pour le Parti socialiste français, même si une collaboration avec l’extrême gauche peut offrir un gain électoral à court terme, cela l’empêchera d’être perçu comme une alternative sérieuse par la majorité des Français tant qu’il ne prendra pas ses distances avec LFI.
Marine Le Pen a-t-elle pris un risque politique en soutenant la motion de censure du NFP ?
Ce n’est pas à moi de déterminer si cette décision était judicieuse ou non, ce n’est pas mon rôle. En revanche, je cherche à comprendre les raisons qui ont motivé ce choix. Comme de nombreux commentateurs l’ont souligné en France, cette décision semble marquer une rupture avec la stratégie qu’elle avait adoptée ces dernières années : celle de la respectabilité et de l’élargissement de son électorat au-delà de la base traditionnelle du RN. Cette démarche visait notamment à séduire un public plus « col blanc » et urbain qui pourrait être surpris par ce choix.
Cette situation soulève donc des questions sur les limites de son processus de normalisation. Marine Le Pen cherche-t-elle avant tout à semer le chaos ou à se positionner comme une alternative crédible au pouvoir ? Je comprends parfaitement la complexité de ses calculs stratégiques : elle doit à la fois rassurer sa base traditionnelle, satisfaire ses partisans les plus fervents, tout en continuant à courtiser un électorat conservateur plus modéré. Elle semble avoir choisi de prendre ce pari stratégique, en dépit des risques qu’il implique. Et ces risques sont considérables.
Il y a 12 ans, vous avez publié un livre intitulé Le déni français, qui mettait déjà en lumière la difficulté pour la France de reconnaître qu’il est impossible de continuer à dépenser sans en subir les conséquences. Feriez-vous le même constat aujourd’hui ?
(Elle rit). Les finances publiques semblent effectivement constituer un point faible pour la France ! Ce problème demeure un point aveugle et une question particulièrement complexe. Je n’en sous-estime pas l’ampleur. Lorsque Michel Barnier a tenté d’introduire des coupes budgétaires, une grande partie de ces mesures n’a pas survécu au processus législatif. Elles ont été diluées, reportées ou considérablement réduites. Réformer les finances publiques en France est une tâche extrêmement difficile. Certes, d’autres pays, comme la Grèce, ont également dû affronter des défis similaires, mais la France semble éprouver une difficulté particulière à réduire ses dépenses publiques.
Emmanuel Macron n’a jamais réellement réussi à établir un lien authentique avec les Français
Cependant, je ne pense pas que la responsabilité incombe uniquement aux Français. Ce problème semble davantage lié aux politiciens, qui n’ont pas su défendre cette nécessité de manière convaincante ni expliquer pourquoi elle est cruciale. Une approche plus claire consisterait à présenter ces réformes comme un moyen de renforcer l’indépendance économique du pays et de le placer sur des bases plus solides, afin de mieux préparer l’économie aux défis auxquels les générations futures devront faire face.
Malgré un bilan économique que vous jugez globalement positif, diriez-vous qu’Emmanuel Macron a failli sur la question de la dette ?
Rappelez-vous qu’en 2018 et 2019, avant la pandémie de Covid-19, Emmanuel Macron avait réussi à réduire le déficit public en le ramenant sous le seuil de 3 % fixé par les règles fiscales européennes, démontrant ainsi sa capacité à atteindre cet objectif. Mais l’arrivée de la pandémie, avec les confinements et leurs coûts colossaux, l’a contraint à abandonner cette ambition. Le reste, comme on dit, fait partie de l’histoire.
Par la suite, la perte de sa majorité parlementaire en 2022 a rendu cet objectif encore plus complexe, même si Emmanuel Macron avait souhaité s’y atteler à nouveau — ce qui, en réalité, ne semblait pas figurer parmi ses priorités. Sa stratégie reposait sur l’idée qu’une croissance économique suffisante permettrait de résoudre naturellement le problème du déficit budgétaire. Malheureusement, cette croissance n’a pas été à la hauteur des attentes… En l’absence d’une dynamique économique robuste, le déficit budgétaire est resté un défi majeur et non résolu.
La cote de popularité d’Emmanuel Macron auprès des Français tourne autour de 20 %. C’est très bas. Au vu de son bilan économique, les Français vous semblent-ils injustes envers leur président ?
Il semble qu’Emmanuel Macron n’ait jamais réellement réussi à établir un lien authentique avec les Français, à créer cette connexion essentielle qui donnerait à la population le sentiment qu’il agit véritablement en son nom. En l’absence de ce lien, les Français ne mesurent pas pleinement les aspects positifs de son bilan comme président. En prenant du recul, on pourrait dire qu’il a fait beaucoup de bien pour le pays. Il a contribué à transformer la perception de ce que la France peut accomplir, notamment grâce à un régime fiscal stable et à une certaine constance, avec un ministre des Finances en poste pendant sept ans, sans changements brusques qui auraient déstabilisé les investisseurs. Cela a donné beaucoup de certitude et de stabilité économique. En 2017, si vous demandiez aux gens quel était leur principal sujet de conversation, ils auraient répondu : le chômage. Ce problème n’a pas été entièrement résolu, mais il a été massivement réduit au point de ne plus être une préoccupation centrale chez les Français. Cela témoigne d’un progrès réel. Cependant, comme je vous le disais, si ces avancées ne sont pas pleinement reconnues, ce n’est pas uniquement la faute des Français, c’est aussi parce qu’Emmanuel Macron n’a pas réussi à maîtriser le volet politique. Il n’a pas su tirer parti de ses propres succès.
Les années Macron mettent en lumière une vérité politique essentielle : réussir économiquement – que ce soit en réduisant le chômage, en protégeant l’économie de la récession (comme ce fut le cas pour la France, contrairement à l’Allemagne), ou en maîtrisant l’inflation grâce à des dépenses publiques massives pendant la crise de la Covid pour soutenir entreprises, consommateurs et économie – ne suffit pas si vous échouez à convaincre politiquement. C’est une leçon que l’on a également observée aux États-Unis avec Joe Biden. Bien que l’économie américaine ait bien performé sous sa présidence et que l’inflation ait commencé à diminuer, il n’a pas réussi à communiquer efficacement ces résultats aux électeurs. En conséquence, certains Américains, lors des élections, ont opté pour Donald Trump en pensant que l’inflation était plus basse sous sa présidence. Ce n’était pas un problème de gestion économique, mais un problème de communication politique.
Il semble qu’il n’ait pas non plus réussi à établir des liens solides avec le chancelier allemand, Olaf Scholz. Alors que notre voisin d’outre-Rhin traverse également des turbulences économiques, l’Europe peut-elle continuer à progresser avec un moteur franco-allemand en difficulté ?
C’est une question à deux volets. Sur le plan des finances publiques, la situation du déficit est nettement plus préoccupante en France qu’outre-Rhin. Grâce à ses règles fiscales strictes, l’Allemagne bénéficie d’une position budgétaire plus favorable. Cela ne fait aucun doute.
Néanmoins, d’un point de vue économique, l’Allemagne traverse une crise économique structurelle bien plus sérieuse que celle que connaît la France. Son modèle, largement fondé sur le gaz russe et les exportations vers la Chine, a été profondément ébranlé. La perte du gaz russe a engendré une grave crise énergétique qui affaiblit son industrie, tandis que le marché chinois, autrefois un pilier, est devenu beaucoup moins fiable.
La situation française, bien que complexe, n’est pas un désastre total
Et sur la question du leadership ?
Emmanuel Macron conserve un rôle clé en matière de politique étrangère et de défense. Sa capacité à rassembler, comme en témoigne la récente rencontre entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky lors de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame, reste un atout majeur. Cependant, la crise politique intérieure qu’il traverse affaiblit son image sur la scène internationale, compliquant ainsi son influence dans les affaires internationales.
Pour la première fois depuis des décennies, la France et l’Allemagne se retrouvent toutes deux dirigées par des gouvernements fragilisés sur le plan intérieur, ce qui constitue un défi considérable pour l’Europe. Cela dit, cela n’empêche pas les avancées, même si elles ne passeront peut-être pas exclusivement par l’Union européenne. L’un des enjeux les plus pressants demeure la situation en Ukraine. Si Donald Trump devait exercer une pression sur Volodymyr Zelensky pour parvenir à un accord, la question des garanties de sécurité pour ce pays deviendrait cruciale. Ces garanties nécessiteraient l’implication d’acteurs clés tels que le Royaume-Uni, la France, la Pologne, et probablement l’Allemagne, sans nécessairement s’inscrire dans le cadre des institutions européennes.
Dans les mois à venir, l’Europe devra adopter une approche collective et pragmatique pour relever ces défis géopolitiques. Dans ce contexte, le Royaume-Uni, par exemple, n’a aucune raison de ne pas considérer la France comme un partenaire sérieux en matière de sécurité, malgré ses turbulences politiques internes. L’objectif principal sera de mobiliser des solutions concertées pour faire face aux enjeux internationaux majeurs.
Lorsque je vous écoute, vous semblez nettement moins pessimiste que certains commentateurs concernant la France et les répercussions des turbulences politiques des derniers mois…
Je ne veux pas donner l’impression d’être déraisonnablement optimiste, mais je reste convaincue que les fondamentaux de la France restent solides. Cela dit, les finances publiques constituent un véritable point de préoccupation. À un moment donné, quelqu’un devra s’attaquer à ce problème, car la France pourrait entrer dans une période très difficile sur le plan budgétaire. Par ailleurs, le risque de voir Marine Le Pen élue reste une possibilité. Une telle éventualité ne contribuerait pas à stabiliser la situation, que ce soit pour les marchés, les investisseurs, les Français eux-mêmes ou les partenaires européens.
Il est donc clair qu’il existe de nombreuses raisons d’inquiétude et que les choses pourraient prendre une tournure défavorable. Mais cela ne signifie pas que tout est sombre ou désespéré. Ce que je veux souligner, c’est que la situation, bien que complexe, n’est pas un désastre total. Lorsque The Economist évoquait la « merde » en couverture, il s’agissait d’un commentaire sur l’instabilité politique, et non sur un effondrement général du pays.
Source: Laurent Berbon
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