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S’il est un reproche qu’on ne peut faire à Emmanuel Macron, c’est de manquer de confiance en lui. Alors que l’immigration atteint des sommets, que le niveau de violence est sans précédent, que la dette publique a augmenté de 1 000 milliards d’euros en sept ans – dont 250 seulement à cause du Covid -, que partout les services publics se dégradent, que notre influence diplomatique est en repli et que le Rassemblement national risque de faire un score jamais égalé aux élections du 9 juin prochain, il faut somme toute un certain culot pour s’afficher fièrement à la Une de L’Express avec cette formule péremptoire : “Notre stratégie est la bonne”. “Tout va très bien, Madame la Marquise”, aurait sans doute été plus approprié.

Il serait injuste de rendre M. Macron seul comptable de l’affaissement de notre pays depuis quarante-cinq ans. Il le serait tout autant de ne pas approuver les réformes engagées depuis 2017 pour redresser l’économie autour des valeurs du travail et de l’investissement : suppression de l’ISF, hélas remplacé par l’IFI, tout aussi vicié idéologiquement et plus injuste ; réduction de l’IS ; flat tax ; retraites ; flexisécurité du marché du travail, déjà promise en 2007. Que ces réformes mettent du temps à produire des effets est inévitable.

Ce qu’Emmanuel Macron feint, en revanche, d’oublier, est qu’il est aux commandes depuis sept ans, et même douze si l’on veut bien considérer sa participation active au quinquennat de François Hollande – deux ans à l’Elysée, deux ans au gouvernement. A cette échelle de temps, ses résultats sont trop insuffisants pour que sa stratégie mérite les qualificatifs qu’il lui adresse. Ils masquent difficilement les conséquences de l’utopie du “en même temps” et de l’arrogance de sa gouvernance. De la déstructuration de la vie politique à la dérive des finances publiques et à la casse de la haute fonction publique, leur coût est exorbitant.

Aucun des grands indicateurs des faiblesses de l’économie française n’a été impacté : ni le niveau de dépenses publiques, le plus haut de l’Union européenne, ni celui des prélèvements obligatoires, le plus élevé du monde. Comme le disait Margaret Thatcher, la tendance naturelle des responsables politiques est de penser que l’argent est mieux dépensé par eux que par les entreprises et les familles auxquelles il est pris. Essayons d’imaginer une France dans laquelle un tiers des dépenses publiques serait dépensé par les citoyens comme ils le veulent : une révolution !

Aucun des vrais leviers de l’égalité, ceux qui transforment réellement un destin, n’a été sérieusement réformé, ni l’école, ni la santé, ni le logement. Le président de la République n’emploie d’ailleurs jamais le mot “justice”. Il est malheureusement disqualifié sur les enjeux régaliens. Et au mépris de sa promesse de changer la vie politique, il ne reconnaît jamais ses erreurs, par exemple sur le nucléaire.

Dans ce contexte, la fuite en avant du projet européen d’Emmanuel Macron est à la fois inquiétante et risible. Prenant enfin conscience, trois ans avant la fin de ses deux mandats, que l’Europe étouffe sous les normes alors que l’urgence est d’investir, et que la priorité donnée aux énergies renouvelables couplée à l’ouverture généreuse des marchés européens ne sert que les intérêts allemands, M. Macron promeut un “reset” du modèle économique de l’Union européenne reproduisant tous les défauts du système économique français : dépense publique, impôt, endettement.

La faible attractivité de notre modèle rend cette poussée fédéraliste peu probable. Mais elle trahit l’impuissance politique, économique et sociale de la France, réduite à quémander auprès de l’Union européenne les moyens de sortir de son déclin au risque de brader ce qui lui reste de sa souveraineté, notamment sa dissuasion nucléaire et sa place de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU.

Une autre voie est à privilégier : celle d’un redressement interne, capable de rétablir en Europe la parité d’influence de la France avec l’Allemagne et d’insuffler les profonds changements dont l’Union européenne a effectivement besoin, dans le respect de ce qu’elle est et de ce que les peuples veulent qu’elle soit : une union d’Etats souverains ayant choisi d’exercer des compétences en commun au service de la paix et du progrès.

*Emmanuelle Mignon est avocate et vice-présidente des Républicains (LR).

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