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Télés, radios, sommets internationaux… En un an, le cofondateur du français Mistral AI, Arthur Mensch, est devenu une star mondiale. Dans l’ombre de ce succès éclair, deux personnages de la French Tech ont joué un rôle important : Jean-Charles Samuelian-Werve et Charles Gorintin, les créateurs du néoassureur Alan. “On voyait que l’intelligence artificielle générative allait prendre une place majeure dans la santé des citoyens. Il était essentiel que des champions européens puissent émerger”, explique le duo, qui a contribué au lancement de Mistral et l’accompagne depuis. Les deux acolytes baignent depuis longtemps dans l’IA et la data. C’est même ce qui leur a permis de percer la forteresse assurantielle. Un domaine longtemps boudé par les fonds de capital-risque qui préféraient aux prudentes assurtechs les rutilantes fintechs promettant de révolutionner les modes de paiement.

L’assurance est, par ailleurs, un marché tenu par des acteurs historiques et difficiles à concurrencer. “Ils ont accumulé des décennies de chiffres, cela leur donne un avantage de taille pour calculer le risque de manière précise”, fait valoir un investisseur. Consultant dans l’assurance et cofondateur d’Okko Operating Partners, Alexandre Rispal observe d’ailleurs que “les premiers acteurs de l’assurtech ont souvent eu du mal à trouver un modèle rentable, avec des coûts d’acquisition maîtrisés”.

Internet est cependant un eldorado de données. Et les fondateurs d’Alan l’ont compris. A la création de l’entreprise, en 2016, ils scannent le Web de long en large, collectent les offres de la concurrence, questionnent les entreprises sur les contrats qu’elles ont souscrites. Puis ils passent le tout au tamis de formules mathématiques sophistiquées, afin de bâtir leur propre grille.

Chez Alan, l’intelligence artificielle est partout. “A l’origine, nos équipes transcrivaient manuellement les dizaines de milliers de factures reçues chaque mois. Aujourd’hui, notre IA les analyse automatiquement, souligne Charles Gorintin, le CTO. Cela nous permet de rembourser 90 % des soins en moins de vingt-quatre heures, et certains en moins d’une minute.” L’IA aide aussi à traquer la fraude. Suggère aux assurés des programmes de prévention personnalisés, validés par un professionnel. Répond aux questions simples et remonte au service client les infos adéquates pour traiter rapidement les demandes complexes. “Nous avons réduit de 28 % nos coûts de gestion par utilisateur cette année, essentiellement grâce à l’automatisation de nos processus”, résume Jean-Charles Samuelian-Werve. Dans l’assurance santé, l’IA peut également aider “à mieux comprendre les comportements des assurés – les patterns de consommations de soins – et identifier des signaux faibles”, fait valoir Jean-Louis Delpérié, associé du cabinet de conseil en stratégie Simon Kucher.

Coach santé et clinique virtuelle

Les fondateurs d’Alan ont donné à leur application mobile un rôle central. Couleurs joyeuses, icônes soignées… L’espace a des airs de jeu vidéo. Avec ses contenus pédagogiques, ses outils de chat et de téléconsultation, il tient autant du coach santé que de la clinique virtuelle. Tout cela n’est pas – uniquement – pour les beaux yeux du client : si les assurés font l’objet d’une meilleure prévention, ils coûteront moins en soins. Du gagnant-gagnant. Ce pari de la prévention a d’autant plus de sens que les principales causes de décès vont évoluer dans les 15 ans à venir. “D’ici 2050, les maladies telles que le cancer, le diabète, les maladies cardio-vasculaires et respiratoires, représenteront 86 % des 90 millions de décès annuels, pointe Philippe Lefèvre, partner chez Wavestone et co-auteur du Radar Assurtech 2023. Les entreprises du secteur devront, de ce fait, revoir leur modèle d’assurance en renforçant les soins préventifs, en encourageant les partenariats dans le domaine de la santé et en innovant dans l’offre d’assurance.”

Huit ans après sa création en France, la licorne Alan ne s’est lancée que dans deux autres pays : l’Espagne et la Belgique. Mais le soufflé monte. “Leur proposition de valeur est unique”, fait valoir Maya Noël, la DG de l’association de start-up France Digitale. En 2023, Alan a augmenté son chiffre de 36 %, à 350 millions d’euros, et réduit ses pertes de 18 %. L’entreprise couvre désormais 500 000 travailleurs.

“Alan a fait une percée de marché mais doit montrer sa capacité à gérer un portefeuille santé rentable dans la durée”, souligne Jean-Louis Delpérié du cabinet Simon Kucher. Et ce, dans un marché en pleine mutation : “la forte normalisation des contrats avec le panier de soins du contrat responsable, mais aussi la hausse de la consommation santé des Français conduit à une forte pression sur les marges.”

La licorne Alan prévoit de franchir le seuil d’équilibre en 2026. L’Assemblée nationale, Duracell, Celio… Elle a il est vrai multiplié les belles prises. Sa dernière en date, le ministère de la Transition écologique, a cependant provoqué des remous. “Ils sont un peu moins chers sur certaines options mais plus chers sur le panier de soins de base”, déplore Luc Farré, secrétaire général de l’Unsa-Fonction publique. La MGEN, qui contestait le choix d’Alan par l’État, a cependant été déboutée le 5 juin. “La différence majeure entre les candidats, ce sont les options, mais surtout les frais de gestion, qui ont vocation à être appliqués pendant toute la durée du marché. Nous sommes ici bien moins chers que nos concurrents”, pointe le PDG d’Alan. L’affaire rappelle en tout cas le cap à tenir : novateurs ou “tradi”, la bataille des assureurs se gagnera sur les prix.

Source: Anne Cagan

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