ÉDITORIAL. La majorité des Suisses a refusé l’initiative du PS sur l’allègement des primes, malgré le soutien de tous les cantons romands et de Bâle-Ville. Le sujet des coûts de la santé est loin d’être clos

Ce 9 juin marque le retour à un dimanche électoral classique en Suisse: le peuple suit le Conseil fédéral. Pour le gouvernement, la victoire est totale, il a été suivi sur les quatre objets soumis à votation. On est loin du tumulte du 3 mars. La Suisse avait alors connu un dimanche historique. Pour la première fois, une initiative lancée par la gauche et les syndicats était acceptée et une réforme sociale de taille entrait en vigueur: une 13e rente pour l’AVS. Les vainqueurs du printemps n’ont pas réussi à surfer sur la vague du succès avec leur initiative voulant limiter à 10% du revenu les primes d’assurance maladie. Les craintes autour de la perte du pouvoir d’achat se sont quelque peu diluées; les syndicats et leur leader, Pierre-Yves Maillard, ont été plus discrets; le clivage politique n’a pas été dépassé, si ce n’est en Suisse romande. Un autre argument a été décisif: la peur d’un nouveau trou dans la comptabilité fédérale après l’acceptation de la 13e rente.

Notre suivi en continu: En direct – Les deux initiatives sur les primes maladies sont refusées

Toutefois, ces deux rejets ne sont pas des échecs totaux. Ces initiatives ont relancé le débat sur les coûts de la santé et cela va se poursuivre. Les socialistes relancent leur idée de caisse publique, alors qu’au Centre, certains soutiennent désormais des caisses régionales. Les cantons romands pourraient aussi suivre les exemples vaudois et grison et eux aussi introduire des mécanismes pour limiter l’impact des primes sur les ménages les moins favorisés. Ces deux initiatives ont aussi permis de légères améliorations. Le Conseil fédéral a en effet dans sa besace deux contre-projets indirects qui vont dans le bon sens. Une stratégie qu’il n’avait pas choisie pour la 13e rente, et qui avait accéléré la défaite. Ainsi les cantons devront adapter, comme le fait déjà aujourd’hui la Confédération, leurs contributions quand les coûts de l’assurance maladie augmenteront. Et pour répondre à l’initiative centriste, le Conseil fédéral fixera des objectifs de coûts et de qualité, pour une période de quatre ans, après avoir consulté les assureurs, les assurés, les cantons et les prestataires.

### Elisabeth Baume-Schneider doit prendre le leadership

C’est un léger lifting, ces mesurettes ne permettront pas de diminuer les coûts de la santé. Leur hausse incessante est préoccupante. Les primes vont aussi fortement augmenter en 2025.

L’ensemble des acteurs de la santé sont appelés à se coordonner en toute transparence pour que la qualité des soins demeure, mais également pour que les coûts soient maîtrisés et les primes abordables. Auréolée de ses trois succès dans les urnes ce dimanche, Elisabeth Baume-Schneider doit prouver à ses nombreux détracteurs qu’elle peut prendre le leadership dans ce domaine, main dans la main avec les cantons.

Lire aussi: Elisabeth Baume-Schneider: «Actuellement, le système de santé demeure abordable»

**Retrouvez** [tous les éditoriaux du _Temps_](https://www.letemps.ch/opinions/editoriaux)

Source: Vincent Bourquin

Suivre ce lien pour lire le texte ou visionner la vidéo sur le site d’origine


««« Retour en arrière