Après une phase inédite de durcissement monétaire, la Banque centrale européenne (BCE) a commencé, ce jeudi 6 juin, à abaisser ses taux directeurs, offrant un léger bol d’air pour apaiser les tensions sur le crédit immobilier et les prêts aux entreprises.

Servant de référence, le taux sur les dépôts de 4 %, son plus haut atteint en septembre dernier, a été ramené à 3,75 %, selon un communiqué de l’institution. Le recul notable de l’inflation en zone euro depuis le pic atteint à l’automne 2022, en affichant 2,6 % en mai, a fini par convaincre le conseil des gouverneurs de la BCE de relâcher la bride monétaire à compter de juin, au sortir d’un cycle de relèvement des taux sans précédent lancé en juillet 2022, puis neuf mois de pause à des niveaux record.

Néanmoins, la BCE voit encore l’inflation “rester supérieure à l’objectif” de 2 % et ce, “pendant une grande partie de l’année prochaine”. En cause, les tensions sur les prix d’origine interne qui restent fortes, surtout dans les services, en raison de la croissance élevée des salaires. L’institut a donc revu à la hausse ses prévisions d’inflation par rapport à celle de mars, voyant l’agrégat en moyenne à 2,5 % en 2024 et 2,2 % en 2025, enfin 1,9 % en 2026. S’agissant de l’évolution des prix hors énergie et produits alimentaires, la hausse moyenne sera de 2,8 % en 2024, 2,2 % en 2025 et 2,0 % en 2026.

La vitesse et la durée des futures baisses des taux de la Banque centrale européenne (BCE) sont encore “très incertaines” a prévenu jeudi sa présidente Christine Lagarde. “C’est un processus qui est en cours (…), ce qui est incertain, c’est la vitesse à laquelle nous iront, et le temps que cela prendra”, a-t-elle détaillé lors d’une conférence de presse, estimant que le chemin serait “mouvementé”, ces prochains mois en matière d’inflation.

Un coup de pouce pour l’immobilier

La dernière baisse des taux de la BCE remonte à presque cinq ans, en septembre 2019. La question est de savoir si le timide mouvement opéré jeudi va créer un choc psychologique précurseur d’une reprise de l’activité, le tout sans voir l’inflation repartir à la hausse. L’impact le plus visible devrait concerner le marché de l’immobilier, où les emprunteurs, surtout ceux à taux variable, ont été pris à la gorge par la hausse brutale des taux. Celle-ci a provoqué un écroulement du volume des nouveaux prêts aux ménages candidats à l’achat d’un logement, sans avoir un effet significatif sur les prix des logements.

Des perspectives de baisse des taux peuvent donc “alléger le marasme du marché immobilier, dont la reprise peut soutenir quelque peu la croissance”, note Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management.

La hausse passée des taux a eu en revanche peu d’effet sur le volume des nouveaux prêts à la consommation, et les ménages délieront à nouveau leur bourse en fonction d’abord du “pouvoir d’achat, soit la capacité des salaires à rattraper l’inflation passée, plutôt que des taux d’intérêt”, ajoute Eric Dor.

Quant aux prêts des banques aux entreprises, au plus bas pendant la phase de durcissement monétaire, le rebond devrait surtout provenir de meilleures perspectives économiques et de la compétitivité, qui s’est détériorée en zone euro à cause des prix d’énergie élevés. Pour que les taux du crédit diminuent fortement au bénéfice des ménages et des entreprises, il faudrait que la BCE “laisse entendre clairement qu’elle s’engage sur une série de baisses successives des taux”, conclut Eric Dor. Or, dans un contexte économique encore pétri d’incertitudes, la BCE n’a donné jeudi aucune indication sur la suite du nouveau cycle de baisse des taux, continuant à affirmer que cela dépendra des données économiques disponibles réunion après réunion.

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