La notion et l’acte de trahison dans l’Athènes du ve siècle
La société athénienne du Ve siècle était profondément préoccupée par le concept de prodosia, décrivant l’action de trahir sa propre communauté au profit de l’ennemi extérieur. Bien qu’il n’y ait pas de terme unique englobant toutes les facettes de ce comportement, le mot prodosia, utilisé pour décrire l’acte de livrer un proche à l’ennemi, est le plus proche de notre concept moderne de “trahison”. Les Athéniens ont spécifiquement défini les actes hostiles commis contre la cité dans ses relations avec des puissances étrangères en les soumettant à une procédure spéciale appelée eisangélie. Cette procédure visait à qualifier les actes de prodosia, même si certains actes constituant une adikia (injustice) envers la communauté, tels que la violence ouverte contre la patrie, étaient considérés comme sacrilèges dans la mentalité commune et ne pouvaient pas être désignés par ce terme.
Cette période, s’étendant d’environ 500 av. J.-C. aux premières années suivant la restauration démocratique de 403 av. J.-C., a été marquée par des crises et des événements clés qui ont façonné la mentalité collective des Athéniens. Malgré les luttes civiles et les conflits avec des puissances extérieures telles que le grand empire perse, Sparte, Thèbes et les cités insulaires alliées, les Athéniens ont graduellement développé un sentiment d’appartenance à une même communauté. À la fin du siècle, les Athéniens se sont retrouvés confrontés non plus à la construction d’une identité commune, mais à la gestion de l’identité qu’ils avaient forgée. Cette identité complexe et évolutrice était sujette à des interprétations divergentes du passé, alors que les Athéniens cherchaient des enseignements pour naviguer dans un environnement en constante évolution.
La question de la trahison, ou prodosia, a donc joué un rôle central dans la construction de l’identité athénienne et dans la manière dont les Athéniens percevaient leurs relations avec l’extérieur. Leur compréhension de la prodosia était non seulement morale, mais aussi juridique, militaire et diplomatique, ce qui montre la complexité de ce concept dans leur société. En étudiant cette période cruciale de l’histoire athénienne, il devient clair que la prodosia était un élément central de leur conscience collective et de leur compréhension de leur rôle dans le monde antique.
Ils pourraient aussi vous intéresser :
LE SOUCI DES PLUS PAUVRES
Dufourny, la Révolution française et la démocratie Cet ouvrage propose une approche novatrice de la Révolution française, explorant les périodes des Lumières jusqu'au Directoire à travers le prisme du parcours de Dufourny. Il met en lumière l'engagement passionné de...
ÉGALITÉ – PARITÉ
Une nouvelle approche de la démocratie ? De nos jours, la société française est le théâtre d'un débat intense autour des concepts d'égalité et de parité, signe manifeste de l'évolution de ses structures et du rôle central que joue la République dans ce processus....
LA VULNÉRABILITÉ DU MONDE
Démocraties et violences à l’heure de la globalisation La chute emblématique du mur de Berlin a suscité l'espoir d'une ère de paix durable et de prospérité mondiale. Cependant, loin de réaliser cette vision utopique, le monde contemporain est marqué par une...
LIBERTÉ ANTIQUE, LIBERTÉ MODERNE
Les fondements de la démocratie de l’Antiquité à nos jours Depuis l'aube de l'histoire politique, le concept de démocratie a agi tel un talisman moderne, invoqué par les hommes politiques, les journalistes et les simples citoyens. Sa genèse remonte à l'Antiquité, où...
IDENTIFICATION ET SURVEILLANCE DES INDIVIDUS
Quels enjeux pour nos démocraties ? Dans notre ère contemporaine, le spectre de la surveillance omniprésente se dessine de manière de plus en plus tangible, rappelant les sinistres prédictions de George Orwell dans son roman "1984". À travers un éventail de...
LE DÈMOS AVANT LA DÉMOCRATIE
Mots, concepts, réalités historiques L'histoire de la démocratie est souvent associée à la Grèce antique, notamment à Athènes, où ce système politique a été institué. Cependant, une exploration approfondie révèle que bien avant l'émergence de la démocratie athénienne,...
LA DÉMOCRATIE EST-ELLE SOLUBLE DANS L’ISLAM ?
Les attentats du 11 septembre 2001 ont agi comme un catalyseur en jetant une lumière crue sur les questions relatives aux libertés politiques dans le monde arabe. Ces événements ont soulevé des interrogations profondes sur la nature même des régimes politiques dans...
LA RÉNOVATION DE L’HÉRITAGE DÉMOCRATIQUE
Entre fondation et refondation Les expressions politiques du Québec et du Canada témoignent d'une quête identitaire constante, marquée par un déplacement de l'accent sur le "je" vers le "nous". Cette transition vers un collectif pluridisciplinaire soulève des...
L’INDIVIDU ET LE CITOYEN DANS LA SOCIÉTÉ MODERNE
Dans cet ouvrage, l'accent est mis sur la dynamique complexe qui caractérise les sociétés démocratiques, en particulier la manière dont elles naviguent entre deux logiques sociales apparemment opposées mais essentielles à leur fonctionnement. D'une part, il y a la...
(RE)LIRE L’ESPRIT DES LOIS
Au cours des quinze dernières années, les études sur Montesquieu ont connu une transformation profonde, marquée par un renouvellement tant du corpus lui-même que de l'approche méthodologique. L'avancement des Œuvres complètes de Montesquieu, notamment avec la...
LA DÉMOCRATIE AU JAPON, SINGULIÈRE ET UNIVERSELLE
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, un questionnement persiste : la démocratie japonaise est-elle le résultat d'une greffe extérieure, principalement des États-Unis, ou bien est-elle enracinée dans l'histoire politique du pays ? Cette interrogation suscite un...
NOUS, MACHIAVEL ET LA DÉMOCRATIE
Dans le paysage contemporain, la démocratie est souvent assimilée au consensus, un état où l'accord prévaut sur le désaccord et où l'entente l'emporte sur le conflit. Cette vision, bien que répandue, pose la question fondamentale de la vitalité démocratique. Est-ce...
««« Retour en arrière