LE « MODÈLE » SUÉDOIS

Les gauches françaises et l’impossible social-démocratie

Depuis 1932 jusqu’en 1976, la Suède a été sous le gouvernement ininterrompu de la social-démocratie. Cette période a suscité un intérêt considérable dans la scène politique française, notamment au sein des différentes factions de la gauche.

Les années 1970 ont été marquées par un engouement pour cette expérience suédoise, avec de nombreux ouvrages, articles et émissions de télévision qui s’interrogeaient sur la nature d’un supposé “modèle” suédois. Ce modèle était souvent défini comme une économie mixte, fondée sur des compromis sociaux, voire même une alternative au capitalisme selon certains auteurs. Cette fascination pour la Suède était telle que même des personnalités politiques françaises comme Georges Pompidou ont évoqué la possibilité d’un “pays modèle” en matière de rapports sociaux, en citant la Suède, avec une pointe d’ironie sur le climat.

Dans son ouvrage, Gilles Vergnon se penche sur l’influence de ce modèle réformiste étranger sur les différents courants de la gauche française, depuis les années 1930 jusqu’à nos jours. Il explore ainsi l’histoire des projets réformistes en France, en les examinant à travers le prisme suédois. Ce dernier est caractérisé par une expérience gouvernementale de gauche unique en Europe de par sa longévité et son succès apparent.

Aujourd’hui, alors que les socialistes français sont souvent associés à un “tournant social-démocrate”, le livre de Vergnon interroge le sens et la faisabilité d’un tel transfert de modèle politique et économique.