LA DETTE SOUVERAINE

Depuis l’onde de choc de la crise financière de 2008, la dette publique s’est imposée comme un sujet central dans les débats politiques contemporains. Cette dette, loin d’être simplement une question de gestion financière, est devenue un élément clé dans la dynamique des rapports entre l’État et ses citoyens, remettant même en question la souveraineté des États-nations. L’analyse approfondie de cette crise de la démocratie, résultant de l’explosion de la dette publique, présentée par le sociologue Wolfgang Streeck dans son ouvrage “Du temps acheté”, jette une lumière crue sur les défis auxquels sont confrontées les démocraties modernes.

Ce dossier explore ainsi la possibilité de réguler un capitalisme financier qui a largement transcendé les limites de l’État, dépassant ainsi le cadre dans lequel le compromis d’après-guerre entre le capital et le travail s’était initialement formé. L’intégration européenne, en particulier, est examinée sous l’angle de son impact sur la capacité à réinstaurer un contrôle démocratique sur une économie de plus en plus mondialisée. Cette réflexion soulève des questions fondamentales sur la compatibilité entre les logiques du néolibéralisme et les principes de cohésion sociale au sein des sociétés démocratiques contemporaines. En effet, le néolibéralisme, en favorisant la prédominance des logiques marchandes dans la vie quotidienne des citoyens, perturbe le tissu même des sociétés démocratiques, affectant ainsi le type de réflexivité et d’action politique qui peuvent être efficaces pour orienter leur avenir.

Cet enjeu majeur met en lumière la nécessité de replacer au cœur des débats des sciences sociales le lien intrinsèque entre l’économie et la politique. Il souligne également les dangers inhérents à un capitalisme laissé à lui-même pour les démocraties modernes, tout en mettant en avant la capacité des États à influencer positivement cette dynamique en œuvrant à la construction d’une société politique plus juste. En définitive, la gestion de la dette publique, la régulation du capitalisme financier et les politiques économiques adoptées par les États deviennent des éléments cruciaux pour façonner le paysage politique et social des démocraties contemporaines.