CONSTRUIRE UN MONDE ?

Mondialisation, pluralisme et universalisme

Le débat entre le choc des civilisations et le dialogue des civilisations, ainsi que celui entre le réalisme belliciste et l’irénisme moralisateur, sont des sujets qui ont longtemps divisé les réflexions sur la géopolitique mondiale. Cependant, il est de plus en plus évident que ces représentations binaires ne capturent pas pleinement la complexité de notre époque. Dans ce contexte, la question de la construction d’un monde prend une importance cruciale. Cette construction doit prendre en compte trois éléments essentiels : la mondialisation qui semble être un mouvement inarrêtable, le pluralisme que la mondialisation tend à réduire au nom d’une rationalité simpliste, et l’universalisme qui représente un moyen de prévenir les replis identitaires et de favoriser une cohabitation durable entre individus, sociétés et cultures.

Pour comprendre cette dynamique, il est instructif de se pencher sur quelques exemples historiques de pluralisme. Au Moyen Âge, des figures telles qu’Al-Andalus en Espagne, la transition de Byzance à Istanbul, ainsi que la pensée d’Averroès et de l’averroïsme en Europe médiévale, illustrent la coexistence et l’interaction entre différentes cultures et civilisations. De même, des solutions universalisables historiques, telles que l’humanisme, les efforts de métissage et de cosmopolitisme, ainsi que l’idéal de civilité, offrent des perspectives sur la manière dont les sociétés ont abordé la question de la cité commune dans des périodes de crise.

Cependant, aujourd’hui, la compatibilité entre le pluralisme, l’universalisme et la mondialisation est remise en question. La mondialisation, souvent qualifiée de libérale, semble promouvoir une forme d’occidentalisation du monde qui menace la diversité culturelle et sociale. Dans ce contexte, la construction d’un monde économique et informationnel plus unifié et humainement vivable demain qu’aujourd’hui nécessite une réflexion éthique profonde. Il est impératif d’accompagner ce mouvement vers une globalisation plus intégrée d’une politique de pleine reconnaissance du pluralisme des valeurs et des sociétés à travers le monde. Cela soulève des questions complexes sur la manière de préserver la diversité tout en favorisant l’intégration et le progrès humain global.